Le miam'o fruit façon dêguê de mil
La rencontre avec l'association fun être sur l'Ile de l'Ile Saint Denis
Photos Anaïs Boileau
Pour faire suite à l’article sur les petits déjeuners salés et sur les épices qui annoncent l’arrivée de l’automne, j’en profite pour vous présenter une association de l’Ile Saint Denis en Région Parisienne : Fun Être Sur l’îlle dont j’ai l’honneur d’être la maraine. J’espère que ce modèle inspirant vous donnera envie d’explorer davantage la piste d’ateliers en groupe.
La Recette du dêguê de Youma
Dessert lacté et onctueux à la semoule de mil comme une variante du miam’o fruits.
Cette variante est inspirée d’une recette de dêguê, un dessert rafraichissant, composé de semoule de mil que l’on incorpore à un mélange de produits laitiers (yaourt + crème fraîche) transmise par Youma, originaire du Mali. On le trouve aussi au Sénégal où on l’appelle Le Thiakry, comme cette recette publiée récemment par Aïssatou Mbaye que j’ai eu l’honneur d’interviewer pour mon prochain livre sur les bouillons bienfaisants qui paraitra le 12 octobre.
Cette préparation lactée intègre initialement du mil, une céréale ancienne cultivée en Afrique très nutritive et particulièrement digeste. Elle contient des minéraux tels que le phosphore, le fer, le zinc, le cuivre et le manganèse, ainsi que de la vitamine B1. C'est une source de protéines, de glucides, de magnésium et de vitamine B2. Le mil contient également du silicium qui améliorerait la qualité de la peau, des cheveux et des ongles.
On la trouve dans les épiceries africaines et parfois en magasin bio (sous d’autres formes moins brutes). Elle est utilisée en cuisine notamment pour agrémenter des yaourts, fromages blancs, yaourt de coco ou de soja. Son goût se rapproche de celui du millet. C’est une céréale sans gluten et un ingrédient sain qui favorise la satiété et conviendra à tous les âges. Le terme « millet » regroupe plusieurs variétés différentes. Le millet décortiqué qu’on trouve en magasin bio est du millet commun (Panicum miliaceum), tandis que le millet utilisé au Sénégal est du millet à chandelle (Pennisetum glaucum).
Sa texture est à la fois ferme et fait presque penser à une légumineuse cuite, comme des morceaux de pois chiche ou de fèves cuites.
J’adore l’idée de partir de la base du miam’o fruit pour le twister en intégrant une céréale ou une légumineuse riche en protéines et en glucides. Presque comme un riz au lait, mais justement, l’idée est de varier la céréale.
À défaut du millet, on peut le remplacer par de la semoule de blé classique (gluten) ou d’orge, ou même du sarrasin ou du millet entier comme on en croise en magasin bio.
Si on ne trouve pas de mil ou de millet, une version plus locale, tout aussi vertueuse et délicieuse : avec des châtaignes cuites au naturel (en bocal) que l’on hache grossièrement au couteau de cuisine ou des graines de chanvre dont la texture rappel le mil cuit.
La recette :
Pour 3 personnes - 30 min de préparation
Pour le dêguê
70 g mil calibre moyen, (en épicerie africaine) ou de couscous standard (gros grains) ou des châtaignes cuites au naturel hachées.
10 g d’huile d’olive
1 pincée de sel
Pour le Sow (la crème)
250 g de fromage blanc ou de yaourt nature (le yaourt grec marche aussi) ou de yaourt végétal type coco ou soja.
3 cas d’huile de colza, ou de lin, ou de noix.
1 cas de fleur d’oranger
1 pincée de sel
30 g de sirop d’érable (ou sucre complet) (peut se déguster aussi sans sucre pour ceux qui évitent, mais c’est quand même meilleur en en mettant un peu)
1/8 de c. à café de cannelle
1 c. à café d’eau de fleur d’oranger (facultatif)
2 bananes
Le sow est meilleur frais, mais c’est mieux si le couscous est à température ambiante. En effet, les grains ont tendance à durcir au frigo, ce qui rend la texture moins agréable. Il est donc préférable de cuire et mélanger le couscous minute (si vous avez le temps) avec le sow réfrigéré juste avant de le servir. Mais vous pouvez aussi cuire le mil la veille et le laisser à température ambiante (à couvert) une nuit et le réchauffer rapidement pendant 1 min le lendemain.
Préparation du Sow
La veille : dans un grand bol, verser le fromage blanc et le mélanger avec le sirop d’érable, la pincée de sel. Ajouter la cannelle, la fleur d’oranger, l’huile et placer la préparation au réfrigérateur une nuit.
Préparation du Mil
Pour cuire le mil, il faut d'abord rincer les grains avant de les placer dans 2 volumes d'eau pour un volume de graines. Comme le riz ou le quinoa, le mil se cuit à couvert en 12-15 minutes environ, à feu doux et jusqu'à absorption complète de l'eau, ajouter l’huile d’olive. Attendre que le mil refroidisse et ne soit pas trop chaud avant de le mélanger à la crème pour faire le déguê.
Couper la banane en tronçons de 2 cm et les poêler minute sans matière grasse dans une poêle. Les disposer sur le déguê et servir.
Ma rencontre avec l’association Fun être sur l’île de Saint-Denis.
J’ai rencontré cette association de l’île Saint-Denis l’année dernière juste après avoir vendu mon labo. Je pense pouvoir dire que j’ai autant reçu (si ce n’est plus) que ce que j’avais à transmettre et à donner. Je suis ressorti de cet atelier de cuisine ressourcée, le cœur et le cerveau plein d’idées. Pomme Célarié, la fondatrice et coordinatrice de l’association, avait introduit l’atelier en me présentant comme une cheffe/naturopathe invitée qui avait des choses à enseigner aux participantes (des femmes de tout âge habitant l’île Saint-Denis), mais finalement, je suis vite devenue leur commis, et j’ai adoré.
La transmission s’est faite, autrement, non pas de façon verticale, mais plus subtilement, et horizontale par ‘le faire ensemble’. Les notes/fiches très fournies que j’avais préparées pour l’atelier ont vite été reléguées à la poubelle pour donner place à des discussions informelles où l’on partageait plutôt nos histoires de vie. Nos différentes façons de faire en cuisine. Une des participantes employée par l’association avait même passé un CAP cuisine et bénéficiait de plusieurs expériences dans des restaurants gastronomiques parisiens dont elle était ressortie épuisée et un peu dégoutée du métier.
Interview de Pomme Célarié
Je vous invite à écouter notre échange avec Pomme Célarié pour vraiment comprendre son parcours, sa
démarche et son cheminement qui l’ont amenée à proposer des ateliers de naturopathie, cuisine, relaxation et bien-être au sein de son quartier. L’association Fun être sur l’île est basée à l’île Saint-Denis, une commune de 8500 habitants (à la lisière de Saint-Denis) regroupant 85 nationalités différentes, 70 % de logements sociaux et 70 % de gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Elle prône et défend un bien-être global et holistique, non pas comme une consommation du bien-être individuel, mais qui regrouperait autant les pôles physiques, mentaux, émotionnels propres à la naturopathie traditionnelle, mais qui s’inscrit aussi dans une démarche de créer du lien social pleinement intégré dans son environnement et de favoriser l’éducation populaire.
Un bien-être partagé par tous, toutes, que l’on peut rapprocher du concept de santé commune de Michel Serres. Une santé inclusive « nature-société-individus » qui rend les trois catégories de santé indivisibles, interdépendantes et réciproques.
Un modèle inspirant dont je suis fière d’être la maraine. Pour celles et ceux qui souhaitent pratiquer une naturopathie ancrée dans le quotidien, que vous soyez à la campagne, dans une grande ville ou en banlieue.
Les limites des consultations individuelles en Naturopathie
Les consultations naturo sont extrêmement riches d’information et les conseils sont retranscrits et synthétisés dans un programme d’hygiène vitale PHV. Ce format nécessite une vraie implication du naturopathe qui, une fois la consultation d’une heure pour établir un bilan, prendra encore (au moins) une heure de son temps pour rédiger le PHV. C’est un format onéreux mais généreux qui permet au client de faire le point sur son hygiène de vie au global, de façon personnalisée, et d’améliorer certains désagréments ou problématiques de santé en s’intéressant à la cause de ses maux. Un format que je recommande forcément : Le naturopathe questionne, cherche, balaye largement en s’intéressant à l’histoire de vie physique, psychologique, spirituelle.
La naturopathie, quelle que soit la critique que l’on puisse former à l’égard de cette discipline, a le mérite de s’intéresser vraiment à la personne dans sa totalité et l’écoute est primordiale.
C’est une démarche préventive puissante et complémentaire de la médecine allopathique (anti-symptomatique) ou le médecin n’a pas la possibilité pendant une consultation (en moyenne de 15 min) de faire de l’éducation de santé.
La richesse de la naturopathie est de tendre à aider les clients à s’autonomiser pour mieux prendre soin d’eux et devenir acteur et actrice de leur santé avant que les problèmes n’apparaissent.
Le format de consultation individuel n’est évidemment pas accessible à tous et à toutes, et il n’est pas remboursé. En cela, les ateliers en groupe permettent davantage de se mettre ensemble en bénéficiant de l’énergie du groupe. C’est un peu l’étape d’après d’une consultation individuelle.
Interview de Youma
Parfois, on a toutes les pistes et les informations qu’il faut pour mettre en place des changements alimentaires, mais on peine à les enclencher dans la vraie vie.
J’ai pu aborder le problème sous plusieurs angles dans cette Newsletter. Le changement a besoin de temps et de répétition pour se mettre en place. C’est long, c’est lent. Parfois, on reçoit les bonnes informations, mais ce n’est pas le bon moment où on ne les entend pas. On ajoute à cela des croyances limitantes liées à notre éducation (ne pas jeter la nourriture, ne pas gacher, impossible de ne pas manger de pain pendant les repas, inconcevable de se passer de sucre à cet endroit, etc.). Il arrive pourtant que la graine soit plantée et que le cheminement se fasse doucement pour faire éclore bien plus tard des changements souvent déterminés par nos moyens : plus d’énergie, plus de désir, moins de problématiques vitales à régler, moins de gens à s’occuper, ou tout simplement plus de temps, de moyens financiers. Ou parfois rien n’a changé, mais c’est notre propre cheminement intérieur qui d’un coup nous le permet.
La force et la puissance de l’énergie de groupe
Les ateliers de groupe où l’on cuisine ensemble sont une réponse incroyablement efficace pour mettre en place de bonnes habitudes alimentaires et des changements bénéfiques inspirationnels. On est porté par l’énergie de groupe, stimulé et inspiré par les progrès des uns, les solutions abondent dans notre cerveau pour aider les doutes, blocages et questionnements des autres, c’est d’ailleurs fou comme on est souvent plus enclin et prédisposé à l’idée de régler les problèmes et d’aider les autres que les siens :)
Il faut accepter que le changement se fasse en douceur, sauf si une pathologie nous oblige parfois à prendre le taureau par les cornes pour entrer dans une course contre la montre pour soutenir son organisme qui fait face à des maladies dégénératives graves (la naturopathie ne peut se substituer à la médecine, elle propose seulement d’accompagner et de prendre soin de l’énergie vitale et du terrain de l’individu en accord avec le médecin).
Si vous n’êtes pas praticiens de santé naturelle, ou naturopathe, que vous aimez la cuisine et tatonnez pour mettre en place des changements dans votre hygiène de vie, renseignez-vous auprès de votre commune, région, village sur d’éventuels associations ou ateliers de ce type, le but de cette newsletter est de vous transmettre l’enthousiasme de ce modèle qui peut à mon sens s’installer partout ou il y a du désir, l’envie de rencontrer d’autres personnes et d’y trouver une chaleur humaine propice à la mise en place de changements salutaires. La recette du dêguê de mil façon miam’o fruits est un exemple d’une recette apporté par Youma, une participante qui intègre pleinement des ajustements naturopathiques avec des propositions de substitutions.
Merci Jen, très émouvant ce partage.
Ça me rappelle du temps où je travaillais à Saint Denis, où j'animais des ateliers de pratique artistiques avec ces femmes et leurs enfants. Nous avions partagé notre buvette avec une asso locale tous les dimanches, elles apportaient leurs gâteaux à tomber, bissap et autres thés.
Pour financer les activités des enfants
C'est génial cette initiative d'ateliers naturopathie ! Quelle chance pour toi d'en être la marraine
Sais-tu si c'est Anne-Claire Garcia qui chapeaute ce projet à la Mairie ? Elle en rêvait !
Bon, ma réponse n'est pas forcément en adéquation avec les recettes mais je ne sais pas où envoyer autrement : D))
Je suis très heureuse d'être abonnée à ta news, toutes les semaines des bonnes nouvelles.
Trop bien :))