Rêver et constituer 'son placard d'épicerie idéale' !
Nos freins pour se lancer ou se mettre en cuisine. Les ingrédients naturo et gourmands que j'ai toujours dans ma cuisine et au frigo. La tarte feuilletée d'été aux fraises sans gluten.
Photo d’Anaïs Boileau pour le manuel Gourmand de la ménopause co-écrit avec Elvira Masson
Les freins pour se mettre en cuisine
Nous sommes juste avant la mi-août, je commence à prendre le rythme d’écriture de cette newsletter que je prends beaucoup de plaisir à rédiger.
Avez-vous déjà pris le temps d’analyser les blocages qui vous empêchent de vous mettre en cuisine et de prendre soin de nous ?
En tant que naturopathe, quand je donne des conseils de santé,
je vois bien que mes propositions se heurtent parfois à des problèmes logistiques : de temps, de budget, d’organisation familiale, mais pas seulement. Il y aussi des blocages d’ordre émotionnel, psychologique plus en lien avec nos éducations, nos tréfonds, notre nature individuelle et notre lien intime avec l’alimentation.
Vous êtes plusieurs à m’avoir répondu sur le chat sur vos fameux freins, qu’ils soient familiaux, logistiques, psychologiques, et je vous en remercie, car nous n’avons pas toutes et tous les mêmes, et c’est important de le rappeler.
Au début de ma formation en naturopathie, j’ai consulté une de mes professeurs que j’aimais beaucoup. Cette enseignante était extrêmement précise, avec un profil plus scientifique et très calé en nutrithérapie.
Elle m’avait proposé de donner à ma fille de deux ans des tisanes à base de plantes extrêmement amères. Une tisane imbuvable. Je suis repartie de chez elle avec un programme d'hygiène vitale exceptionnel, mais quasiment impossible à appliquer.
Sur ses aveux, au fond, elle en avait conscience, mais son positionnement assumé était de proposer les meilleurs conseils possibles, et si ses clients arrivaient à appliquer ne serait-ce que 20 %, alors c’était déjà une sacrée victoire. À mon sens, c'est certainement un système qui peut très bien convenir à certaines personnes, mais qui fut un échec pour moi. Il en est de même pour les recettes : elles doivent être faciles d’accès et si un ingrédient manque (à moins que ce soit l’ingrédient central), on doit avoir des options pour le remplacer.
La réponse à ces freins, quels qu'ils soient, me semble quasiment toujours la même :
Une base d’épicerie solide qui permettra d’assaisonner avec gourmandise, de se supplémenter par l’assiette naturellement en lame de fond, et ce tout au long de l’année.
C’est pourquoi je profite de cette période de l’année où vous êtes certainement sur un transat en train de bronzer et pensiez plutôt recevoir une recette de Caponata ou de salade estivale pour faire plutôt le point sur ces fameux freins et cette épicerie idéale qu’il serait joyeux de rêver et de constituer juste avant le feu de la rentrée.
l’été est souvent le moment ou l’on achète des petites produits d’épicerie, des condiments sur les marchés… C’est le moment idéal pour commencer.
Avec le lancement de cette newsletter, plus particulièrement, j’ai promis que ma direction tentera davantage d’intégrer des problématiques de la vraie vie et de proposer des recettes faisables.
Mon rôle est quand même de vous inspirer, et de vous proposer aussi des choses auxquelles vous n’auriez pas pensé. Vous n’avez pas besoin de moi pour savoir comment cuire un œuf à la coque à la perfection, par contre savoir comment l’associer avec d’autres ingrédients pour en faire un repas complet qui apporte plaisir et satiété tout en étant bienfaisant et nourricier, c’est ça notre objectif.
Les meilleures assiettes de l’été : de l’assemblage de produits, du cru et de l’assaisonnement
On répète souvent les mêmes conseils de base d'hygiène de vie en naturopathie, et on trouve à travers les livres, les réseaux sociaux une immense richesse de recettes toujours plus créatives les unes que les autres, ou tout a déjà été fait, mais la vraie question est de savoir plutôt pourquoi et où ça bloque pour se lancer ?
Le désir de faire, mais des moyens limités :
Une petite cuisine, pas de four, peu d’ustensiles ou peu de moyens pour investir dans des robots, du matériel. Il faut prioriser pour ne pas se sentir bloqués dans les recettes.
L’ordre de priorité en fonction des moyens de chacun.e :
Un bon faitout qui va sur le gaz, les plaques chauffantes vitrocéramiques ou induction (une marmite en acier inoxydable sans PFOAS-PFAS) qu’on utilise pour dorer, sauter, mijoter, gratiner et rôtir.
La cuisson vapeur idéale pour les petites cuisines sans four : un petit couscoussier, un panier en bambou qui va sur une casserole, ou un cuit vapeur en acier inoxydable selon votre budget.
Un bon robot coupe avec un moteur solide (Vitamix, robot coupe, blender) pour faire des soupes, des purées de fruits, d’oléagineux, des dips, du houmous, des crèmes, des laits végétaux. Si vous n’en avez pas les moyens, un mixeur plongeant de bonne qualité peut permettre de faire pas mal de préparations mixées (sauf les purées d’oléagineux).
Une bonne Poêle sans PFAS
La charge mentale
Cuisiner est perçu à juste titre par certains d’entre nous comme tache énergivore à accomplir, et par d’autres comme le repos de tâches quotidiennes ou une façon de couper de son travail. Je n’ai jamais autant aimé cuisiner que quand ma journée consistait à passer 8h devant un écran. Le corps en mouvement, les sens en éveil, quelque chose se réanimait en fin de journée.
Mais quand cuisiner toute la journée est devenu mon gagne-pain, ne vous méprenez pas, j’ai détesté le concept de la double journée.
Quoique l’on en pense, et même pour les plus grands chef.fes, cuisinier.es, il y a bien une différence entre la cuisine créative, puis la cuisine du quotidien où il ne faut pas plus de 3 ingrédients, 2 gestes, c’est prêt.
Si on ajoute à cela les questions financières, le manque de repères sur les appellations , les croyances limitantes : croire qu’il faut beaucoup de temps pour cuisiner, se percevoir comme une mauvaise ou un mauvais cuisinier, la cuisine devient alors un poids qui nous enlève tout désir de faire, alors que faire, même si ça consiste à couper trois carottes, c’est déjà beaucoup.
Le plus important, c’est peut-être de bien se connaître, de ne pas se raconter d’histoires sur ce qu’on peut ou veut consacrer comme temps dans une journée, une soirée, ou une semaine.
Certains choisiront le batch cooking du dimanche (en mutualisant les préparations de différents menus de la semaine). Au lieu de confectionner chaque soir ou chaque midi votre repas, l'idée est de choisir une plage horaire dans la semaine où vous allez préparer le plus gros de tous vos menus, éplucher plusieurs kilos de légumes au retour du marché par exemple…
Même si cette organisation est géniale sur le papier, elle ne conviendra pas à tout le monde. Personnellement je préfère partir d’une envie, d’un ingrédient croisé en rentrant chez moi le soir en semaine.
J’ai aussi identifié à titre personnel que je n’aime pas servir. Ça tombe très bien, mes enfants préfèrent se servir eux-mêmes en général et composer leurs propres assiettes.
En semaine, je leur propose souvent un simple bol de riz et ils garnissent en fonction de ce que je dépose sur la table : des légumes crus ou coupés à la vapeur, des graines germées (que j’achète par flegme), des condiments, des bocaux de fermentation qui trainent au frigo.
Quand vous avez davantage de temps le weekend, vous ferez : des tacos, des rouleaux de printemps, des phô, des crêpes salés, des udons, des sushis. Tout autant de choses que vous pouvez leur faire faire très tôt en les impliquant pour la préparation et aussi pour la vaisselle. :)
Identifier ce qui nous procure du plaisir dans le processus des étapes de cuisine permet d’en maintenir l’équilibre. On peut aussi se connecter à ses sensations, ses souvenirs d’enfance, ses émotions, et dresser une liste de ce qui représente sa ‘comfort food’ ou ses madeleines de Proust.
Il y a une grande part de rêverie dans le plaisir de faire la cuisine et on a parfois tendance à placer ce pouvoir inspirationnel à l’extérieur de nous.
Alors qu’au fond, on sait ce qu’on aime si on sonde nos désirs, nos besoins immédiats, et notre faim.
Cuisiner pour soi quand on est seule
L’une d’entre vous dans Le chat m’a aussi demandé comment cuisiner quand on est seule et avec un petit frigo ? Je sais que c’est un sujet qui sera bientôt traité par une autrice culinaire que j’aime énormément et j’ai hâte de découvrir son livre. Pour moi, la réponse revient toujours à prendre le temps de se constituer une bonne épicerie pour l’année à venir et d’écouter ses envies quotidiennes en achetant tous les deux, trois jours des ingrédients frais en rentrant à la maison qui nécessitent peu de gestes. La cuisson à la vapeur ou au wok a cela de magique qu’elle est rapide et ne nécessite pas de four.
Cuisiner pour soi quand on va mal, qu’on se sent vulnérable, déprimé.
Il y a aussi la question de la dépression qui sera le sujet d’une prochaine longue newsletter, car se nourrir quand sa santé mentale est fragile est un sujet qui me touche et me passionne énormément. J’ai eu l’occasion de le traiter aussi pour mon prochain livre. J’y reviendrai plus longuement au cours de l’automne.
La dépression, le blues, les périodes de down
Ces deux dernières années, plusieurs personnes que j’aime et qui font partie de mon cercle de proches n’allaient pas très bien. Parfois, une succession d’épreuves, de deuils ont fragilisés leurs nerfs épuisés. Parfois, un grain de sable à enrayé un système en place arrivé à son paroxysme qui leur permettait de fonctionner. L’hiver dernier fut très long ; le contexte social actuel et politique n’a pas aidé. Il faut ajouter à cela une surconsommation médiatique anxiogène, une éco-anxiété grandissante et des réalités écologiques qui ne sont pas rassurantes. Il y a de quoi flancher, baisser les bras, perdre l’envie de prendre soin de soi. J’ai aussi touché cela du doigt, et ce, à plusieurs reprises dans ma vie.
Quand ils et elles m’ont demandé des conseils pour se nourrir du mieux possible pour traverser cette période (à part manger des glaces), j’ai vu leurs regards s’affoler quand je citais des ingrédients qu’ils et elles ne connaissaient pas, ou plus de trois gestes à faire. La logique de la dépression est de se dire : « À quoi ça sert que je cuisine puisque je vais devoir faire la vaisselle ? À quoi ça sert de m’habiller puisque ce soir, je vais me remettre en pyjama ? » C’est véritablement une période où tout semble une montagne. On perd le désir de faire, du mouvement.
On fait vraiment du mieux que l’on peut, et c’est c’est déjà beaucoup. Parfois, passer une carotte sous l’eau et la manger crue. C’est déjà énorme.
C’est finalement dans les plus simples ingrédients, que j’ai trouvé une forme de salut. Quand on regarde dans les répertoires culinaires des périodes de disette, c’est la soupe à l’oignon, la pomme de terre, cuire un oeuf 3 minutes et le manger avec une pincée de sel, couper deux, trois légumes crus, un avocat, et rajouter par dessus une cuillère à soupe d’un houmous acheté dans le commerce ou un condiment qu’on aime bien ou quelques épices clés qui vont soutenir nutritionnellement, apporter satiété, ainsi qu’une forme de plaisir qui ravive notre petite flamme intérieure.
Là encore, je conseille de se constituer une bonne épicerie quand on va bien pour les jours on l’on va mal.
Au retour de vos vacances, prenez le temps de jeter vos vieilles épices périmées, de faire le tri ! Ce qui n’a pas été mangé dans l’année ne le sera certainement pas dans les mois à venir non plus. Faites une commande d’épices, acheter aux petits producteurs sur les marchés. Allez au magasin bio acheter de bonnes huiles, des condiments. S’il vous ne deviez acheter qu’une seule chose au magasin bio, ce sont les huiles d’assaisonnement riche en omega 3 (colza, lin, cameline, noix, nigelle). Notre cerveaux étant constitué à majorité de lipides, autant choisir des matières grasse de bonne qualité, sans pesticides et bio.
Constituer son épicerie vertueuse.
Photo d’Anaïs Boileau pour le manuel Gourmand de la ménopause co-écrit avec Elvira Masson
Pour découvrir la suite, ainsi que la recette de la tarte feuilletée aux fraises sans gluten