2025 Apories culinaires à contre courant
J’ai toujours eu du mal avec les cases, les étiquettes, les normes et les tendances imposées, mais je me réjouis que la question de la consommation de l’alcool se pose enfin depuis deux, trois ans.
À titre personnel, c’est en septembre, octobre, voire novembre que l’alcool sort de mon paysage. Ça s’est imbriqué naturellement parce que c’est souvent une période où je travaille beaucoup. Avec les sollicitations qui commence parfois dès le mois d’avril, l’envie de boire devient progressivement inexistante au fur et à mesure de l’été. J’aime bien l’automne pour reprendre de bonnes habitudes alimentaires, c’est naturel et personnel.
Avoir la possibilité de dire « je ne veux pas d’alcool, merci » (en France) sans se justifier et sans passer pour un loser, n’était franchement pas gagné. Je comprends que définir la période de janvier (quand tout le monde est au bout du rouleau de la bouffe) marche mieux. C’est plus socialement admis et permet d’entrainer un mouvement collectif.
Je comprends aussi tellement celles et ceux qui arrêtent définitivement, c’est tellement plus simple de sortir l’alcool de son quotidien.
Rappelez-vous, il y a encore peu de temps, c'était vraiment infernal d'être végétarien en France, et les choses évoluent, mais les tendances se changent rapidement en nouveaux dictats et normes inversées. De même, qu’être une naturopathe qui continue de manger de la viande et de boire de l'alcool n’est pas particulièrement bien vu non plus. J’ai parfois eu de longs échanges avec des personnes qui ne comprenaient pas que je puisse me revendiquer comme naturopathe sans exclure définitivement de nombreuses familles d’aliments et d’ingrédients (alcool, viande, gluten, sucre, fromage)…
En vrai, on n’aime pas tellement les gens qui ne rentrent pas dans les cases. Je le sais d’autant plus que je navigue entre deux cultures (franco-australienne) comme je navigue entre deux mondes pas vraiment faits pour se rencontrer (la pâtisserie et la naturopathie). Mais de ces frictions émerge une matière créative incroyable qui me permet de rester vraiment libre à l’écoute de mes envies profondes. C’est assez reposant de prendre conscience qu’on n’est vraiment pas obligé d’être pour ou contre en permanence. Quand cette frontière fond, on devient juste plus à l’écoute de soi, plus aligné.
C’est valable pour toutes les modes et tendances : elles doivent vous rapprocher de vous-même, pas vous en éloigner.
Donc, j’espère que vous ne m’en voudrez pas de proposer une soupe traditionnelle, qui intègre un peu d’alcool dans la recette en pleins dry january.
C’est parce que j’adore les arômes maltés de la bière dans la cuisine et surtout l’hiver. La très bonne nouvelle, c’est que si vous êtes en dry january, vous pouvez quand même faire la recette. Il y a deux options qui sont à tomber par terre. avec du jus de pomme et du kombucha.
La soupe à l’oignon c’est tellement sexy, pourvu quelle redevienne autant à la mode que le congee
Je l’adore! Elle convient pour les petits budgets, (recette à moins de 5 euros). Elle est super pour les personnes qui ne sont pas au top, en dépression ou en période de down. Elle nécessite très peu de gestes, d’étapes techniques, et de vaisselle. Elle est prête en 20 - 40 min (tout dépend de la quantité, et si vous colorez les oignons). Enfin, elle plait énormément aux personnes âgées.
Si on filtre le bouillon de la soupe pour le donner aux enfants (ils n’aiment pas trop les morceaux d’oignon), mais ils adorent le goût sucré du jus (il va de soi que pour eux, on donnera une version sans alcool, celle au jus de pomme). :)
La soupe à l’oignon, c’est le plat réconfortant des périodes de disettes, de vache maigre qui nécessite moins de trois ingrédients dont le principal est l’oignon, le légume / aromate, le plus universel, bienfaisant, et le moins cher de tous.
Cette soupe universelle est si simple et ménagère qu’elle en perdrait presque ses lettres de noblesse, et on en fait de moins en moins.
Mais si on rajoute deux trois tips techniques,elle devient aussi sophistiquée que délicieuse en version phở avec les épices que l’on utilise traditionnellement dans la cuisine vietnamienne (cannelle, badiane, graines de coriandre, graines de fenouil). Vous pouvez d’ailleurs remplacer dans la recette ci-dessous le romarin et le thym par un mix d’épices du phở. Ce sera délicieux.
la soupe à l’oignon à la bière brune,
ou au cidre, ou jus de pomme, poire ou kombucha)
Pour 4 personnes
50g de beurre (ou d’huile d’olive, plus digeste)
1 kg d’oignons blancs ou jaunes
1 gousse d’ail
2 tiges de thym
2 tiges de romarin
300g de bière stout (type porter, Guinness…) ou du cidre, et pour une version sans alcool, optez pour du jus de pomme, de poire, ou du kombucha pour une version plus acide et moins sucrée.
1L de bouillon de légumes, de poulet ou d’eau
2 pincées de sel de mer
1 pincée de poivre
100g d’orge, de pâtes en lettres, de riz ou de pois chiche pour une version plus complète
1 tranche de lard pour une version fumée (optionnel)
Dans une casserole, faire revenir le beurre ou l’huile d’olive sur feu moyen. Enlever la première peau et découper les oignons en tranches grossièrement. Faites-les revenir avec la tranche de lard (si vous en mettez), jusqu’à ce qu’ils fondent légèrement. Ajouter l’ail émincé, le thym, le romarin et cuire en remuant régulièrement pour éviter qu’ils n’accrochent (environ 20 min). Les oignons doivent être bien réduits, fondants, et légèrement colorés.
Déglacer avec la boisson (bière brune, cidre, jus de pommes, de poires, ou kombucha). Augmenter légèrement le feu et remuer continuellement pendant 5 à 10 m jusqu’à ce que le liquide disparaisse. Ajouter le bouillon (ou l’eau) et laisser mijoter encore 10 min à feu doux. Si vous souhaitez ajouter des céréales, c’est le moment (regardez le temps de cuisson derrière le paquet), mais si vous ajoutez de l’orge, ce sera plus long (environ 40 min).
Enlever les branches de thym, et de romarin. Rectifier l’assaisonnement et servir chaud.
Elle se conserve 4 à 5 jours au frigo.
Photo Anaïs boileau pour Bouillons bienfaisants
Deux, trois mots santé sur l’oignon
On le retrouve dans toutes les régions, gastronomie, cultures du monde. Il en existe plusieurs variétés, dont certaines sont particulièrement riches en antioxydants. L’oignon fait partie de la grande famille des alliacés et, tout comme l’ail, on lui attribue certaines propriétés bénéfiques pour la santé.
Il est riche en fibres non digestibles, qui seraient nécessaires au maintien de la santé intestinale (en prébiotiques). Bien que nous ne puissions pas digérer les fibres prébiotiques, les bactéries qui vivent dans notre intestin le peuvent et les utilisent comme carburant pour augmenter leur nombre et produire des sous-produits appelés acides gras à chaîne courte (AGCC). En résumé, lorsque vous prenez vos probiotiques pour l’hiver, n’oubliez pas que c’est la consommation de prébiotiques qui favorise leur assimilation.
L’oignon est riche en composés souffrés qui soutiennent le travail du foie. On y touve aussi de la vitamine B6, de la vitamine C, du sélénium, et du manganèse, un oligo-élément qui agit comme cofacteur de plusieurs enzymes qui facilitent une douzaine de différents processus métaboliques.
Bien intégré dans un régime alimentaire équilibré, l’oignon est associé à une amélioration de la densité osseuse. Cela pourrait être dû à ses propriétés antioxydantes qui réduiraient le stress oxydatif, et semble également minimiser la perte osseuse. Une étude portant sur les effets de l’oignon sur les femmes péri- et post-ménopausées montre que la consommation fréquente d’oignon réduirait le risque de fracture de la hanche.
Vive l’oignon!!
Pour ré-écouter l’émission sur les bouillons gourmands et bienfaisants sur France Inter (On va Déguster), ou j’ai eu l’honneur d’être invitée, c’est juste ici
Quelle bonne idée, je salive déjà. Deux questions : est-ce qu’on pourrait remplacer la bière brune par de la bière sans alcool ? Et le lard par du lard vegan fumé ou du soja fumé ? Merci pour ces recettes et ces réflexions apaisantes.
J’ai réalisé la recette avec de la bière blonde, c’était délicieux, merci!